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Journal de notre éternité de 'peut-être'.

Journal de notre éternité de 'peut-être'.
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31 octobre 2007

"La regardant dormir, il conjugua silencieusement le verbe faire l'amour au passé, au présent et, hélas ! Au futur." A. Cohen

On peut bien tout perdre quand on a tout eu. Et si j'étais seule, si plus personne ne me regardait, ne me touchait, si plus personne, jamais, ne m'appréciait, je serais encore bien vivante et plus forte qu'eux tous. Parce que quelqu'un un jour m'a aimée à mourir et à rêver pour moi le meilleur. Je peux bien vivre le pire, pleurer à en crever, il y aura toujours ce rêve éveillé, cet ancien vertige. Celui qui m'a fait princesse m'aimera à jamais et je l'aimerai toujours. Il n'y a eu aucun mensonge dans nos mots d'amour, mais les mots sont partis, ne reste que le mensonge. Il n'y a eu aucun appaisement dans notre amour, mais l'amour est parti, reste son souvenir bien trop clair.

" Solennels parmi les couples sans amour, ils dansaient, d'eux seuls préoccupés, goûtaient l'un à l'autre, soigneux, profonds, perdus. Béate d'être tenue et guidée, elle ignorait le monde, écoutait le bonheur dans ses veines, parfois s'admirant dans les hautes glaces des murs, élégante, émouvante, exceptionnelle, femme aimée, parfois reculant la tête pour mieux le voir qui lui murmurait des merveilles point toujours comprises, car elle le regardait trop, mais toujours de toute son âme approuvées, qui lui murmurait qu'ils étaient amoureux, et elle avait alors un impalpable rire tremblé, voilà, oui, c'était cela, amoureux, et il lui murmurait qu'il se mourait de baiser et bénir les longs cils recourbés, mais non pas ici, plus tard, lorsqu'ils seraient seuls, et alors elle murmurait qu'ils avaient toute la vie, et soudain elle avait peur de lui avoir déplu, trop sûre d'elle, mais non, ô bonheur, il lui souriait et contre lui la gardait et murmurait que tous les soirs, oui, tous les soirs ils se verraient. "
Albert Cohen, Belle du Seigneur

Puis, le temps reprend, on sort de la léthargie, la douleur est trop grande, la souffrance fait trop mal, pour qu'on puisse encore la subir et encore la désirer. C'est là que vient la fin, mais le début seulement, la rupture est longue à venir, et toujours répétée, toujours brutale. La séparation des âmes amoureuses est un déchirement violent, la fin d'une passion; qui laisse, et l'esprit et le corps, vides et inutiles. Il fallait au moins le désir du bonheur et l'été pour survivre au début de la décadence.
Après, un autre amour, la découverte du monde, de la paix, du grandiose. Le coeur bat, à l'unisson d'un autre, et frémissant, encore troublé de la précédente chute, il s'égard encore. Nouvelle perte, et la solitude réveille toutes les souffrances. Un vers de Baudelaire vient narguer l'esprit agacé de sa sensibilité; "cette bouche où mon coeur se noya"; et plus rien ne peut l'en sortir. L'apathie tombe, froide et mortelle, sur le coeur qui s'affole, toute la douleur du monde palpite dans le coeur fragile des anciens amoureux. Le destin tragique d'un monde entier trouve ici un écho démesuré, alors on rend le sang à la Terre. La douleur disparue, dissimulée par une folie grandissante, éveille une peur insensée, le sang comme une offrande, comme un lien avec la vie. Après avoir pleurer, après avoir saigné, après s'être épuisée de douleur, les retrouvailles éclairent la bêtise. Mais rien ne peut être sauver si l'on ne tue pas la folie première.

"Il y a du silence au cimetière où dorment les anciens amants et leurs amantes. Ils sont bien sages maintenant, les pauvres. Finies, les attentes des lettres, finies les nuits exaltées, finis les battements moites des jeunes corps. Au grand dortoir, tout ça. Tous allongés, ces régiments de silencieux rigolards osseux qui furent de vifs amants. Tristes et seuls au cimetière, les amants et leurs belles."
Albert Cohen

Après j'ai fait l'amour avec des gens que je n'ai jamais aimé, et chaque fois que je faisais l'amour avec un être différent je changeais, je me transformait, et j'aimais être autre au contact d'un autre. Cela importait peu, qui, il suffisait de plaire et, ensuite, d'exister, nouveau lien à la vie, la chair. C'était là s'éveiller à quelquechose d'autre en soi, s'échapper de soi, jouer pour ne plus être. Et je ne suis pas sure d'avoir aimé en étant aimée aussi un être corps et âme. Maintenant peut-être que c'est arrivé ou que ça arrivera, mais après il n'y aura plus rien, une fois arrivée au sommet de l'amour; et peut-être enfin libérée de lui; il n'y aura plus rien à faire que redescendre. La décadence est toujours douloureuse, il aurait fallu repousser encore, infiniment, le moment de se déclarer amoureuse une dernière fois, ou l'empêcher, lui, d'être trop aimant et préserver sa froideur. Car après avoir touché l'idéal il volera de lui-même en morceaux et il ne restera que la peur encore une fois.
La peur de perdre et l'amour et la liberté et de voir sa vie enchaînée à un être et aux bienséances.
L'amour est voué à l'échec, la passion ne peut survivre, les sentiments sont douleur.
Bonheur d'échouer toujours et de toujours essayer de recoudre, l'éternité et l'ivresse n'existe que dans la passion, la joie est dans les sentiments.
Paradoxal état humain.

Raconter une fois sa vie puis se taire. Aimer une fois et se tuer,tuer tout ce qui, en nous, à aimer cette fois là. Il n'y a plus à la fin de possibilité d'amour. Là les mots et la folie, là le silence et la paix, là le désir. Rien après, rien avant.

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20 octobre 2007

"On est presque également difficile à contenter quand on a beaucoup d'amour, et quand on n'en a plus guère." [La Rochefoucauld]

Et l'on finit par se dire que l'on se ment plus qu'à soi-même qu'aux autres. A se convaincre d'une chose, c'est l'autre qui renait, plus forte qu'à ses débuts, et lorsque cette vérité nous sourit, l'enfer se tord de nouveau sournoisement devant nos yeux horrifiés. Les larmes ne viennent pas, la chaleur de la haine assèche notre coeur. D'ailleurs, pourquoi pleurer? Idiotie égoïste.
Alors, devant tous ces gens incrédules qui ne comprennent que ce qu'ils ont envie de vivre, notre voix se brise en un rire haut, amer et sincère. Mais bon dieu, que ne donnerions-nous pas pour pouvoir pleurer!

J'ai crié victoire trop vite. A trop chercher celui qu'on aime, c'est son ennemi qu'on trouve.

apolliiiiinaire

Mon verre est plein d'un vin trembleur comme une flamme
Ecoutez la chanson lente d'un batelier
Qui raconte avoir vu sous la lune sept femmes
Tordre leurs cheveux vers et longs jusqu'à leurs pieds

Debout chantez plus haut en dansant une ronde
Que je n'entende plus le chant du batelier
Et mettez près de moi toutes les filles blondes
Au regard immobile aux nattes repliées

Le Rhin le Rhin est ivre où les vignes se mirent
Tout l'or des nuits tombe en tremblant s'y refléter
La voix chante toujours à en râle-mourir
Ces fées aux cheveux verts qui incantent l'été

Mon verre s'est brisé comme un éclat de rire


[Apollinaire, "Nuit Rhénane", in Alcools]

Je voudrais pouvoir dire que je suis capable d'aimer. Mais c'est impossible. Mon coeur est aussi sec qu'un grain de sable en temps de canicule.
Je commence à sérieusement me demander si certains hommes sont véritablement humains.
A trop réfléchir, je me consomme (pour une fois que quelqu'un se bouffe et ne crame pas) pour tomber dans l'oubli.
Si seulement tout cela n'était ni rêve, ni métaphore.

20 octobre 2007

"Ca fait deux mille ans que l'Antéchrist est passé sur terre et que c'était lui-même: Dieu est le Diable." [F.Vallejo]

gunluc

"Tu vois Alexis, tu as un avantage sur moi c'est que tu es jeune et moi je vais mourir pas tard, mais malheureusement pour toi tu ne vivras jamais le bonheur que j'ai vécu. Le bonheur ne peut pas exister dans ton foutu monde de téléviseurs, de radiocassettes, de punks, de rockers et de matchs de foot. Quand l'humanité s'assied sur son cul devant un téléviseur pour regarder vingt-deux adultes infantiles donner des coups de pieds à un ballon il n'y a pas d'espoir. Ca fait vomir, ça fait pleurer, ça donne envie de lui foutre, à l'humanité, un coup de pied au cul et de l'envoyer bouler dans le précipice de l'éternité, qu'elle débarrasse la terre et qu'elle n'y revienne pas."

Fernando Vallejo, extrait de La Vierge des Tueurs

Il n'y a pas à dire, je n'aurai pas mieux résumé l'idée moi-même. Et quel mérite à perdre la beauté des paroles en explications inutiles? Parler, parler, encore et toujours pour retourner des mots,tordre des lettres et brûler des signes sans valeur aucune, briser des unités qui ne sont rien sans celles qui les encadrent. On tue ce qui nait avec peine, que voulez-vous, quel que soit le domaine jamais nous ne quittons notre nature. 

Comment peut-on encore penser à vivre quand on ne parvient plus à trouver d'espoir dans le coeur de ceux que nous aimons...

7 octobre 2007

Et puis dis-moi que ça fais rien, que c'est pas grave si tout le monde me déteste, que ça passera et qu'ils sont bêtes.

Même si ça m'est déjà égal.
Je les écrase et ça ne leur plait pas, moi je n'aime pas ceux qui se laisse écraser, et qui partent seulement en faisant la gueule. Ceux qui vexés, ne prennent pas sur eux mais se drape dans une fausse dignité. Et comme je suis pareille je me déteste aussi.
Tout m'agace et parfois rien ne me plaît, je les déteste tous, mais à peine, c'est plutôt de l'indifférence, un mépris éveillé par la fatigue des corps vulgaires et laids et bruyants.
Soyez beaux en silence, soyez vulgaires en beauté. Ne vous abaissez pas à être de ces êtres rampants et lamentables, et jusque dans la mélasse noirâtre des bas fonds ne redoutez rien d'autre que de paraître misérables.
Parce qu'un roi peut bien se promener en guenilles il sera toujours roi et parce q'un mendiant assis sur un trône sera aussitôt roi, un mendiant dans sa basse cour peut être souverain.
Je ne suis rien de plus et rien de moins que toi, alors ne t'obstines pas à toujours me mettre au dessus de toi, moi je déteste ça. Et toi tu me détestes pour ça.
Je n'aime pas les compliments, les dévotions déplacées et l'admiration débile. Admire-moi seulement si tu peux sans te méprendre me dire en face tous mes vices qui sont aussi mes qualités. Juge-moi si tu peux dépasser les apparences, ou m'accepter avec mes tors, et les tiens.

Je m'ennuie moi-même, et je ne peux pas me supporter. Toutes les grimaces sont des mimiques pour me rire au nez. Je suis ma pire ennemie et mon juge le plus sévère. Je suis parfois indifférente à moi-même. Mais je pleure sur le monde autant que sur moi.
Trop compliqué d'être humain, ce qui à l'air si simple. Tous ces types si fiers d'insulter le monde, persuadez de leur état supérieur et qui ne doivent penser à rien, ils sont pourtant comme toi et moi. Mais on ne peut rien leur apprendre... Et si?

temptation

"Ta tête, ton geste, ton air
Sont beaux comme un beau paysage ;
Le rire joue en ton visage
Comme un vent frais dans un ciel clair.

Le passant chagrin que tu frôles
Est ébloui par la santé
Qui jaillit comme une clarté
De tes bras et de tes épaules.

Les retentissantes couleurs
Dont tu parsèmes tes toilettes
Jettent dans l'esprit des poètes
L'image d'un ballet de fleurs.

Ces robes folles sont l'emblème
De ton esprit bariolé ;
Folle dont je suis affolé,
Je te hais autant que je t'aime !


Quelquefois dans un beau jardin
Où je traînais mon atonie,
J'ai senti, comme une ironie,
Le soleil déchirer mon sein ;

Et le printemps et la verdure
Ont tant humilié mon coeur,
Que j'ai puni sur une fleur
L'insolence de la Nature.

Ainsi je voudrais, une nuit,
Quand l'heure des voluptés sonne,
Vers les trésors de ta personne,
Comme un lâche, ramper sans bruit,

Pour châtier ta chair joyeuse,
Pour meurtrir ton sein pardonné,
Et faire à ton flanc étonné
Une blessure large et creuse,

Et, vertigineuse douceur !
A travers ces lèvres nouvelles,
Plus éclatantes et plus belles,
T'infuser mon venin, ma soeur !
                "
Baudelaire, "A celle qui est trop gaie"

Le temps passe trop vite, et jamais assez. Je suis insupportable, mais juste comme vous, pire peut-être et puis? J'ai vécu ce que j'ai vécu, je suis devenue ce que je suis, pas la même chose que vous, et après?
Je suis amoureuse, ou bien non, pas de vous évidemment. Je ne vaux rien, surement moins que vous, ou peut-être beaucoup plus, je suis en vie, et vous non. Êtes-vous heureux? Moi oui, jusque dans ma tristesse, jusque dans ma rage, je suis tout ce que je suis, heureuse de l'être.

30 septembre 2007

"Quand on se tue, c'est pour infliger sa mort aux autres. Il est très rare de voir des suicides élégants." Sagan

C'est de nouveau le soleil d'hiver qui se moque de moi et qui me fout le coeur en l'air.
Je deviens raisonnable et je peux, de plus en plus rapidement, raisonner et reconnaître que c'était moi qui avais tort. Mais de là à accepter d'être sage et de me taire il reste encore tout un monde à traverser.
Alors je me réveille ce matin et je suis triste à nouveau, avec la même perfection qu'à chaque fois, surprise d'être possédée par une telle plénitude.
La tristesse n'admet aucun sentiment contraire et je suis de nouveau entière. J'existe dans ma peine comme j'ai existé dans ma joie. Ce ne sont pas des sentiments sains et raisonnables, ma folie qu'elle soit heureuse ou malheureuse reste folie. Et là je suis follement malheureuse je crois.
Mais ça fait vivre.

"Oh, life could be a dream [sh-boom]
If I could take you up in paradise up above [sh-boom]
If you would tell me I'm the only one that you love
Live could be a dream, sweetheart

[Hello, hello again, sh-boom and hopin' we'll meet again]

Oh, life could be a dream [sh-boom]
If only all my precious plans would come true
If you would let me spend my whole life lovin' you
Life could be a dream, sweetheart

Now every time I look at you
Something is on my mind [dat-dat-dat-dat-dat-duh]
If you do what I want you to
Baby, we'd be so fine

Oh, life could be a dream [sh-boom]
If I could take you up in paradise up above [sh-boom]
If you would tell me I'm the only one that you love
Life could be a dream, sweetheart


Every time I look at you
Somethin' is on my mind
If you do what I want you to
Baby, we'd be so fine

Life could be a dream
If I could take you up in paradise up above
If you would tell me I'm the only one that you love
Life could be a dream, sweetheart

[Hello hello again, sh-boom and hopin' we'll meet again]

Boom sh-boom
Hey nonny ding dong, alang, alang, alang [sh-boom]
Ba-doh, ba-doo, ba-doodle-ay
Life could be a dream
Life could be a dream, sweetheart

Life could be a dream
If only all my precious plans would come true
If you would let me spend my whole life lovin' you
Life could be a dream, sweetheart
"
The Crew Cuts, Sh-boom

Je suis fatiguée, triste c'est pareil, lasse de l'espoir qui, bien entendu, ne fait pas vivre. Mais j'espère tout sans jamais rien vouloir. Alors ce qui arrive, même quand ça me déplaît, c'est toujours ça de pris. Et ces quelques heures passées depuis vendredi soir c'est déjà du temps passé. Chaque heure me rapproche de lui autant qu'elle m'en éloigne. Combien d'heures dans deux mois? Combien de minutes et combien de secondes? Je finirai par appaiser les regrets avant qu'il ne revienne et peut-être que je serais moins triste.
Mais juste passer aujourd'hui les larmes aux yeux, pour croire que c'est vrai, que la tristesse existe encore et que les souvenirs continueront à nous lassérer le coeur.
Ce que ça fait mal...
Et ça passera, dommage, la mélancolie est belle.

Bonjour Tristesse.
"
Sur ce sentiment inconnu, dont l'ennui, la douceur m'obsèdent,  j'hésite à apposer le nom, le beau nom grave de tristesse."
Françoise Sagan.

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28 septembre 2007

"Partir, c'est mourir un peu, mais mourir, c'est partir beaucoup"

« Ni ma vie n’est complète, ni ma mort absolument avortée.

Physiquement je ne suis pas, de par ma chair massacrée, incomplète, qui n’arrive plus à nourrir ma pensée.

Spirituellement je me détruis moi-même, je ne m’accepte plus vivant. Ma sensibilité est au ras des pierres, et peu s’en faut qu’il n’en sorte des vers, la vermine des chantiers délaissés.

Mais cette mort est beaucoup plus raffinée, cette mort multipliée de moi-même est dans une sorte de raréfaction de ma chair. L’intelligence n’a plus de sang. La seiche des cauchemars donne toute son encre qui engorge les issues de l’esprit, c’est un sang qui a perdu jusqu’à ses veines, une viande qui ignore le tranchant du couteau. »

Antonin Artaud, in Nouvelle revue française, numéro 162, mars 1927

*

carotte_t

*

(Je continue à soutenir que paint reste le meilleur des logiciels! sérieusement, avez-vous déja vu autant de réalisme et d'effets spéciaux réunis en une seule et unique instance technique? Non? Eh bien maintenant, c'est chose faite. Merci à moi-même, merci merci)

*

Pourquoi ce texte? Hmmm épineuse question, aussi pointue que des ciseaux pour maternelle! Avec la protection, bien évidemment, sinon ça n'a plus d'intérêt. Vous imaginez ça vous? Des gosses qui s'entretuent avec des ciseaux à bout rond?

Remarque, avec un peu de perséverance, ça doit sûrement marcher.

*

Tout ça pour dire que Artaud avait une vie avant de devenir fou et d'avoir la cervelle cramée par des electrochocs (avant, on cramait les neurones des gens pour qu'ils ne soient plus fous. Ba oui, si t'as plus de cerveau, tu ne peux plus être cinglé, logique imparable! Sauf si les légumes fous existent, ce qui expliquerait pourquoi mes carottes rapées de ce midi me semblaient si glauques et si perfides).

23 septembre 2007

"Maybe I'm not leaving, Maybe I'm coming home." -Bienvenue à Gattaca- de Andrew Niccol

A trois pas de moi. Toi. Exister à deux, qui que soit l'un et l'autre, suffit à donner un sens à la vie. Passé ce nombre sacré de deux, que sais-je? Souvent ça tourne mal, il faudrait juste voir et être vu, ne jamais trop voir et ne jamais trop être vu. Et pourtant, rester seul, au milieu de tous, est insupportable, écrire seul même est une déchirure. Il faut gagner la solitude, et pour ça il faut tout perdre, ne plus craindre de ne plus exister.

" De l'inconnu, délivrez-moi ! De ce silence, délivrez-moi ! De cet oubli, délivrez-moi ! De la déperdition, délivrez-moi ! De mon absence, délivrez-moi ! Moi qui suis innommé, de grâce, nommez-moi ! De cette perdition, de grâce, sauvez-moi ! De grâce, écoutez-moi ! Entendez-moi... M'entendez-vous ? May, m'entends-tu ? Lothar, m'écoutes-tu ? Peggy, me pardonnes-tu ? Et toi ma mère ma brûlée ma brûlure, m'entends-tu ? Où êtes-vous, que dites-vous ? M'entendez-vous ? "
Sylvie Germain, Magnus.

Prière à l'inconnu : donnez-moi le temps.
Prière au temps : ne laisse pas l'ennui s'abattre.
Prière à l'ennui : N'éveille pas la folie.
"Un roi sans divertissement est un roi plein de misère"
Giono, Un roi sans divertissement

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Je crève
Parlez-moi !
Parlez-moi !
Si vous trouviez
Les mots dont j’ai besoin
Vous me délivreriez
De ce qui m’étouffe

"

"ceux et celles qui ne se sont jamais remis de leur enfance
  ceux et celles qui s’acharnent à se punir de n’avoir jamais été aimés
  ceux et celles qui crèvent de se mépriser et se haïr
  ceux et celles qui n’ont jamais pu parler parce qu’ils n’ont jamais été   écoutés
  ceux et celles qui ont été gravement humiliés et portent au flanc une plaie   ouverte
  ceux et celles qui étouffent de ces mots rentrés pourrissant dans leur gorge
  ceux et celles qui n’ont jamais pu surmonter une fondamentale détresse."
Charles Juliet, Lambeaux



23 septembre 2007

De mes amours à moi, de mon être à mon coeur, d'envie à désir.

Les chansons d'amour

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Tout existe. Et rien non plus. Je voudrais être libre. Etre ne seule. Ne rien devoir à des gens qui se prétendent supérieurs à moi. Prétentieux, et mon seul but devrait être de les surpasser. Mais peu importe, je me lasse de tout, toujours, je ne finis jamais la courses et je laisse toujours gagner les autres, juste quand je passe première. Parceque la fin ne m'intéresse pas, la victoire se situe avant et être la meilleure n'est pas assez glorieux. De pas à pas je danse sans mélodie, sans attendre ni le début ni la fin. J'attend que le monde tourne et que mon ennui disparaisse, que cet ennui mortel s'efface.

Le pire : l'ennui. Qui surgit n'importe où, suivit de la solitude et de la lassitude. Ennui ennui ennui, partout et pour rien. Il faudrait un changement constant, ne jamais s'attarder sur une répétition, aller vite, très vite, trop vite, tournoyer jusqu'à en vomir. Mourir de vivre plutôt que de mourir d'ennui. Mais il ne s'efface jamais, principe premier de mon être, il ne se détache jamais, derrière lui traîne tristesse et folie. Et je suis malheureuse et folle de m'ennuyer toujours. Ennui pathologique, ça existe, mélancolie et névrose tout pareil. Névrosée d'ennui, rongée jusqu'à la moelle et lasse de tout trop souvent. Ennui de moi surtout alors je ne suis jamais la même et tant mieux, si j'étais moi aussi statique il aurait fallu déjà mettre fin à tout.
La liberté est le seul remède à l'ennui. Jusqu'à ce qu'on la conquiert totalement du moins. Mais si l'on parvient à la posséder entière tout s'efface et nous n'existons plus, ni nous ni l'ennui.

Il ne faudrait jamais remuer les amours passées, l'eau trouble qui stagnait en nous remonte dans nos yeux et nous écorche tout le coeur au passage. L'histoire terminé reste l'amour qui lui ne meurt pas. Ne réveillez pas l'amour qui dort, c'est un typhon qui sommeille. N'écorchez pas les plaies laissées par les amours terminées elles renferment toute la douleur du monde.

" Elle jouait avec sa chatte,
Et c'était merveille de voir
La main blanche et la blanche patte
S'ébattre dans l'ombre du soir.

Elle cachait - la scélérate ! -
Sous ces mitaines de fil noir
Ses meurtriers ongles d'agate,
Coupants et clairs comme un rasoir.

L'autre aussi faisait la sucrée
Et rentrait sa griffe acérée,
Mais le diable n'y perdait rien...
Et dans le boudoir où, sonore,
Tintait son rire aérien,
Brillaient quatre points de phosphore.
    "
Verlaine.

23 septembre 2007

"To all the boys and girls outside / You know I didn't cry / But you saw me anyway." Cocorosie

Notre peine chante sans cesse au fond d'un coeur oublié. Mais ce n'est plus tout à fait le notre, jusqu'à ce qu'elle revienne, odieuse et charmante, envahir nos yeux. Et elle repartira encore, une fois repue de nous.

" Je suis le Ténébreux, - le Veuf, - l'Inconsolé,
Le Prince d'Aquitaine à la Tour abolie :
Ma seule Etoile est morte, - et mon luth constellé
Porte le Soleil noir de la Mélancolie.

Dans la nuit du Tombeau, Toi qui m'as consolé,
Rends-moi le Pausilippe et la mer d'Italie,
La fleur qui plaisait tant à mon coeur désolé,
Et la treille où le Pampre à la Rose s'allie.

Suis-je Amour ou Phébus ?... Lusignan ou Biron ?
Mon front est rouge encor du baiser de la Reine ;
J'ai rêvé dans la Grotte où nage la sirène...

Et j'ai deux fois vainqueur traversé l'Achéron :
Modulant tour à tour sur la lyre d'Orphée
Les soupirs de la Sainte et les cris de la Fée.
"
Gérard de Nerval, "El Desdichado".



Auprès de nos mots, nous pourrions grandir et nous protéger. Si tu crois en moi je crois en toi et nous sommes nous, soudain. Tu sais qui je suis, je suis qui tu es, et le monde est à nous. Je cois en toi, je crois en moi, pas trop ou pas assez. On crée l'affinité pour abolir l'utopie, et affirmer le verbe, ne plus parler pour ne rien dire. Et ici, sortir de nos vies indésirées, des séparations absurdes et des distances encombrantes.
On pourra même écrire "si seulement" autant de fois qu'on veut, et hurler notre désir de vivre et de mourir, mon envie de liberté. On pourrait rêver tout plaquer.

On prendra nos souvenirs, bout par bout, et on déroulera la pelote de notre vie, nous qui sommes nos propres Moires emmêlant les fils de notre destin sans remords. Les regrets pour après. Parfois on rêve d'être Pénélope et de pouvoir défaire toujours le linceul que nous nous tissons. Je veux des étoiles, toujours plus, au dessus de nos têtes, observer l'Univers et s'y morfondre.

"
Adieu Camille, retourne à ton couvent, et     lorsqu'on te fera de ces récits hideux qui t'on empoisonnée, réponds ce que               je vais te     dire : Tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux     et lâches, méprisables et sensuels ; toutes les femmes sont perfides, artificieuses,     vaniteuses, curieuses et dépravées ; le monde n'est qu'un égout sans fond où les     phoques les plus informes rampent et se tordent sur des montagnes de fange ; mais il y a     au monde une chose sainte et sublime, c'est l'union de ces deux êtres si imparfaits et si     affreux. On est souvent trompé en amour, souvent blessé et souvent malheureux ; mais on     aime, et quand on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière,     et on se dit : J'ai souffert souvent, je me suis trompé quelques fois : mais j'ai aimé.     C'est moi qui ai vécu et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui. "
Musset, On ne badine pas avec l'amour, Acte 2 scène V.


 

23 septembre 2007

Parce que certains glands mériteraient de se prendre de beaux marrons

et parce qu'à 3h17 je n'ai plus de cerveau (quand toutefois il daigne être présent à un moment de la journée).

Je n'ai pas envie de faire un semblant de discours littéraire pour cet article. Je voudrais seulement dire que Y EN A QUI ME LES BRISENT à abandonner les autres sous prétexte qu'ils sont trop faibles pour résister, en pleurant que tout est leur faute (sans pour autant se placer en coupable, car ils jouent les coupables-victimes, en gros leur "prise de conscience" ne sert à que dalle). Je ne m'exclue pas du lot, bien au contraire. Je me les brise moi-meme fictivement.

Ne comptez jamais sur personne, ça vous jouera des tours; je suis d'accord sur le fait que la solidarité nous rend plus fort, seulement, il faut bien avouer qu'elle n'existe plus (a-t-elle jamais existé...) Le plus fort est le solitaire qui surmonte sa solitude tout en s'occupant des autres, en sachant pertinemment que personne ne le lui rendra. Les relations humaines ne sont presque jamais réciproques, sauf pour la sexualité (et encore, même là on aurait à redire.)

Et la meilleure dans tout ça est que je ne parviens même pas en vouloir à tous ces gens là. Et pourtant, qu'est-ce j'aimerais être de ces égoïstes de papier mâché! Qu'est ce j'aimerais pouvoir convertir la tristesse en haine!!

* * *

"Moi, Benjamin Malaussène, je voudrais qu'on m'apprenne à dégueuler de l'humain, quelque chose d'aussi sûr que deux doigts au fond de la gorge, qu'on m'apprenne le mépris, ou la bonne grosse haine bestiale, celle qui massacre les yeux fermés, je voudrais que quelqu'un se pointe un jour, me désigne quelqu'un d'autre et me dise: celui-là est le salaud intégral, chie lui sur la tête, Benjamin, fais-lui bouffer ta merde, tue le et massacre ses semblables. Et je voudrais pouvoir le faire, sans blague. Je voudrais être de ceux qui réclament le rétablissement de la peine de mort, et que l'exécution soit publique, et que le condamné soit guillotiné par les pieds d'abord, puis qu'on le soigne, qu'on le cicatrise, et qu'on remette ça une fois guéri, nouveau guillotinage, toujours par l'autre bout, les tibias, cette fois, et de nouveau soigné, et de nouveau cicatrisé, et clac Ies genoux, au niveau de la rotule, là où ça fait le plus mal; je voudrais appartenir à la vraie famille, innombrable et bien soudée, de tous ceux qui souhaitent le châtiment. J'emmènerais les enfants au spectacle, je pourrais dire à Jérémy : "Tu vois ce qui t'attend, si tu continues à foutre le feu à l'Education nationale?" Au Petit, je dirais: "Regarde, regarde, celui-là aussi transformait des mecs en fleurs!" et, dès que la petite Verdun l'ouvrirait, je la brandirais, à bout de bras, au-dessus de la foule, pour qu'elle voie bien le couperet sanglant: dissuasion! Je voudrais appartenir à la grande, belle Ame Humaine, celle qui croit dur comme fer à l'exemplarité de la peine, celle qui sait où sont les bons, où sont les méchants, je voudrais être l'heureux proprio d'une conviction intime, putain que j'aimerais ça! Bon Dieu, comme ça simplifierait ma vie!"

Daniel Pennac, extrait de La Fée Carabine

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